Sécurité cloud : quel contrôle est perdu lors de son utilisation ?

14 août 2025

En migrant vers le cloud, une entreprise abandonne la gestion physique de ses serveurs au profit d’un fournisseur externe. Ce transfert implique la délégation de certaines responsabilités, notamment la maintenance des infrastructures et le contrôle direct sur les dispositifs matériels.

Derrière les promesses d’une sécurité renforcée, certaines incertitudes persistent : confidentialité des données, emplacement réel des serveurs, gestion des droits d’accès. Les contrats ne couvrent pas toujours chaque faille potentielle, et les entreprises découvrent parfois de nouveaux angles morts, là où le contrôle semblait acquis.

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Comprendre la sécurité cloud : quels changements pour le contrôle des données ?

Le cloud computing bouleverse la façon dont l’entreprise administre ses ressources informatiques. Autrefois, tout se passait à l’intérieur des murs, avec une maîtrise totale des salles serveurs. Aujourd’hui, tout repose sur la fiabilité, la transparence et les choix techniques d’un fournisseur cloud qui héberge, sécurise, et fait évoluer l’infrastructure. Résultat : l’entreprise ne met plus la main sur les machines, perd une part de visibilité sur les réseaux, ne peut plus agir physiquement en cas d’incident.

Le chiffrement des données prend alors une dimension stratégique. Mais posséder la clé ou la confier à l’hébergeur change la donne. Dans de nombreux cas, la sécurité des données repose sur la qualité des services fournis, et sur le respect de normes comme ISO 27001 ou SecNumCloud. La nature même du service, qu’il s’agisse d’un cloud public ou d’une solution PaaS, pèse lourdement sur la latitude que conserve ou perd l’entreprise.

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Les nouveaux axes de vigilance

Pour naviguer dans cet environnement, certains points requièrent une attention particulière :

  • Gestion des accès : la complexité croissante des systèmes multiplie les utilisateurs et applications, élargissant d’autant la surface d’attaque si l’authentification n’est pas irréprochable.
  • Localisation des données : dès que les serveurs quittent le territoire national ou européen, les données personnelles peuvent se retrouver sous des lois étrangères, comme le Cloud Act aux États-Unis.
  • Visibilité sur les incidents : la capacité à réagir dépend du niveau d’information que le fournisseur accepte de partager lors d’une faille.

Maîtriser la sécurité cloud implique un nouveau partage des rôles. Les entreprises doivent apprendre à contrôler, auditer, surveiller, parfois à l’aveugle, des systèmes qu’ils ne possèdent plus vraiment.

Perte de contrôle : quels sont les risques spécifiques à l’adoption du cloud ?

En adoptant le cloud, le service informatique doit composer avec une perte de contrôle directe sur les données, les applications et l’infrastructure. Cette évolution n’est pas anodine : elle fait naître des risques propres à ce nouveau modèle, parfois sous-estimés au moment de la migration.

La violation de données reste l’un des scénarios les plus redoutés. Les incidents se multiplient pour des raisons variées : erreur de paramétrage, négligence humaine ou mots de passe trop faibles. Les attaquants savent exploiter ces failles, accédant parfois à des informations confidentielles ou stratégiques, hébergées sur des plateformes partagées. Autre danger : le shadow IT. Quand des collaborateurs déploient des services cloud dans leur coin, sans validation du service informatique, ils créent des failles invisibles dans l’architecture de sécurité.

En parallèle, la perte de visibilité sur le réseau rend la détection des comportements anormaux plus difficile. Impossible de surveiller tous les flux, tous les accès, tous les transferts de données : des angles morts se forment, dans lesquels une attaque peut se propager rapidement et affecter plusieurs services en cascade.

Les impératifs réglementaires, du RGPD aux recommandations du NIST, exigent une attention permanente à la protection des données personnelles. S’appuyer sur un fournisseur cloud ne dédouane pas l’entreprise de ses obligations. Traçabilité, gestion précise des droits, capacité à réagir en cas de fuite : ces enjeux deviennent plus aigus à mesure que la transformation digitale s’accélère.

Responsabilités partagées : jusqu’où va la maîtrise de votre sécurité ?

Le principe de responsabilité partagée vient bouleverser la vision traditionnelle de la sécurité informatique. Avec le cloud computing, la ligne de partage entre ce qui relève de l’entreprise et ce qui revient au fournisseur cloud devient mouvante. Personne ne peut s’en remettre totalement à l’autre pour la gestion des risques ou la protection des données ; tout le monde doit rester sur le qui-vive.

Les grands noms du secteur, AWS, Azure, Google Cloud, détaillent précisément dans leurs SLA où commence et où s’arrête leur champ d’action. Généralement, ils sécurisent l’infrastructure (serveurs, stockage, réseau physique). Mais la gestion des comptes utilisateurs, la configuration des droits d’accès, l’application du chiffrement des données côté client, la surveillance des usages : tout cela reste du ressort de l’entreprise.

Voici comment se répartissent les responsabilités dans la plupart des environnements cloud :

  • Sécurité infrastructurelle : le fournisseur prend la main sur le matériel, les locaux, la connectivité physique.
  • Gestion des identités et accès : à l’entreprise de définir les politiques, d’attribuer et de contrôler les droits.
  • Configuration des applications et données : c’est au client de veiller à la bonne sécurisation des ressources logicielles et de l’information.

Obtenir une certification ISO 27001, HDS ou SecNumCloud offre des garanties, mais ne remplace pas la vigilance quotidienne. Le RGPD, le Cloud Act, le Patriot Act : ces textes rappellent que le choix du fournisseur et l’emplacement des serveurs orientent la stratégie de sécurité. La gestion de la sécurité doit donc s’envisager comme un processus continu, nourri par la collaboration et la transparence.

sécurité cloud

Bonnes pratiques et leviers pour renforcer la sécurité dans le cloud

Pour bâtir une stratégie de sécurité cloud solide, chaque brique compte. Du chiffrement des données à la gestion fine des identités (IAM), chaque choix technique doit viser à réduire les marges d’erreur. Mettre en œuvre une politique zero trust s’impose : tout accès est vérifié, chaque segment du réseau est isolé, chaque utilisateur voit ses droits limités au strict nécessaire.

L’authentification multifactorielle complique la tâche des intrus, même si un mot de passe venait à fuiter. Les solutions CASB (Cloud Access Security Broker) servent de vigies : elles surveillent l’usage des applications cloud, détectent les anomalies, appliquent automatiquement des règles adaptées à chaque contexte, même hybride.

Voici quelques leviers concrets pour élever votre niveau de protection :

  • Automatisation des contrôles : l’infrastructure as code garantit que chaque déploiement respecte des règles vérifiables à chaque instant.
  • Sauvegarde régulière des données et plan de reprise d’activité : anticipez les incidents, limitez les dégâts en cas de fuite ou de corruption.
  • Audit de sécurité récurrent : inspectez vos configurations, surveillez vos logs, traquez la moindre faille avant qu’elle ne soit exploitée.

La gouvernance s’appuie aussi sur le respect des cadres réglementaires : RGPD, ISO 27001, SecNumCloud. Les outils de cyber threat intelligence permettent d’anticiper les menaces et d’ajuster les défenses en temps réel. Dans cet environnement mouvant, la capacité à lire les risques et à réagir vite fait toute la différence.

Le cloud redéfinit les règles du jeu. Celles et ceux qui sauront s’adapter, apprendre, ajuster sans relâche, tireront le meilleur de cette révolution. Pour les autres, la perte de contrôle n’est jamais loin, et le réveil peut être brutal.

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